Podcast

Palestiniens, Guilhem Delteil (RFI)

Guilhem Delteil est grand reporter à RFI. Il a été correspondant à Jérusalem entre 2016 et 2020 et a fait de nombreux reportages au Proche-Orient. Depuis le 7 octobre, on se gargarise de “oui mais tu comprends, le conflit israélo-palestinien, il faut le replacer dans une chronologie plus longue” et puis on jette quelques dates et puis c’est fini. Je ne juge pas, ça fait plus de deux ans que je glapis à qui veut bien l’entendre les quelques dates que j’ai retenues de mon master d’histoire du Moyen-Orient.

Sauf que derrière ces dates un peu pompeuses, il y a des gens. Des gens qui vivent en exil depuis presque quatre-vingts ans. Guilhem Delteil a choisi de découper son podcast de cinq épisodes en fonction des lieux où sont exilés les Palestiniens depuis la Nakba de 1948. Chaque épisode s’articule autour des récits de Palestiniens de tous les âges. Les événements historiques s’insèrent subtilement dans des histoires individuelles, toujours prégnantes. Guilhem Delteil laisse à ses témoins de l’espace pour s’exprimer. J’ai été happée par la détermination viscérale de ces personnes à se battre pour être un jour réunis.

La petite histoire dans la grande comme on aime. Des témoignages plus que précieux aujourd’hui.

Podcast

Un catholique face à l’IA, Xavier de La Porte (Le code a changé, France Inter)

Plusieurs mois durant, l’intelligence artificielle (IA) ne m’a pas intéressée. J’ai fait mes demandes d’allocs à la CAF pendant le séminaire sur l’intelligence artificielle organisée par mon école de journalisme. J’avais peur de ne rien comprendre et surtout, je ne saisissais pas toutes les questions éthiques et sociétales posées par l’IA.

Ce podcast m’a fait changer d’avis. Xavier de La Porte est journaliste au service Idées du Nouvel Obs. Il a un talent fou pour vulgariser des concepts qui, au premier abord, peuvent sembler très abscons. Dans cet épisode, il s’entretient avec l’entrepreneur Etienne de Rocquigny, entrepreneur catholique et fondateur du groupe de réflexion Espérances & Algorithmes. Si comme moi vous avez ricané en lisant ou en entendant Espérances & Algorithmes, vous allez être plus que surpris.

Peut-on tomber amoureux d’une IA ? En quoi le doute laisse-t-il une place à la religion ? Quelle place laisser à l’IA quand on est artiste ? Dans une conversation stimulante très loin d’être manichéenne, Etienne de Rocquigny et Xavier de La Porte balaient bon nombre de questionnements philosophiques à la lumière du catholicisme et de l’IA. Ils posent plus de questions qu’ils ne donnent de réponses (et ça fait beaucoup de bien).

Newsletter

“La question de l’utérus” dans La Douceur, Lauren Bastide (sur Substack)

“Je milite pour un monde où la vulnérabilité est un point de vue politique”, écrit Lauren Bastide au début de sa newsletter. Voilà qui est posé. La journaliste part de son opération récente des dents de sagesse qui ne s’est pas passée comme prévu. Elle revient sur ses expériences médicales intimes, souvent traumatisantes, et s’insurge contre la silenciation des douleurs des femmes et la méconnaissance de pathologies qui leur sont propres. Un texte nécessaire, lourd mais surtout libérateur.

NB : si ce qu’écrit Lauren Bastide vous parle, je ne saurais que trop vous conseiller son podcast Folie Douce. De longs entretiens sensibles avec une personnalité qui analyse sa santé mentale. Loin d’un développement personnel individualiste et hors-sol, ce podcast plaide pour une psychologie située, ancrée dans un contexte politique et sociétal.

Cette newsletter est payante (5 euros par mois). Je suis tout à fait consciente que c’est un coût que tout le monde ne peut pas se permettre. Je me répète mais en des temps si difficiles pour les médias indépdendants, je pense qu’il est essentiel de soutenir des journalistes complètement indépendants.

Livre

La Discrétion, Faïza Guène (Poche)

Cette semaine, j’ai fait une insomnie. Rien de nouveau sous le soleil. Sauf que cette nuit-là, j’ai dévoré d’une traite le roman La Discrétion, de Faïza Guène. Je ne sais pas pourquoi j’étais passée à côté de ce phénomène paru en 2020, qui mêle avec brio intime et politique.

Yamina grandit en Algérie colonisée, connaît la guerre d’indépendance avant de s’installer avec son mari à Aubervilliers, où elle aura quatre enfants. Deux récits s’entremêlent : la jeunesse de Yamina en Algérie, son amour pour le savoir et sa quête de liberté, et sa vie en France quarante ans plus tard, désabusée.

À travers le personnage attachant de Yamina, Faïza Guène narre avec une plume acerbe et beaucoup de finesse le poids des traditions, la mémoire coloniale, le racisme et l’islamophobie. Elle décrit surtout avec tendresse l’amour inébranlable qu’une mère porte à ses enfants.

Bonus

Il y a quelques semaines, je vous avais parlé de mon ami Samuel, le cinéphile le plus invétéré que je connaisse, et de son podcast Ça ne ramènera pas François Truffaut. Samuel passe sa vie au cinéma. Cela fait dix ans qu’il analyse sa vie (la mienne aussi d’ailleurs) à travers les films qu’il regarde. Dans son podcast à la fois exigeant et accessible, il discute avec un invité d’un film sorti récemment.

Écoutez son podcast et abonnez-vous au compte Instagram (@caneramènerapasftruffaut).

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