Bonjour les poux ! Cette semaine, j'ai un petit peu plus de temps. Je vous propose donc un florilège de podcasts qui m'ont fait du bien ces derniers jours.
Bienvenue dans la Newsletter des Poux, une newsletter culture et info que je veux intime et sensible. Chaque semaine, je recommande deux podcasts, une newsletter et un livre. Mais il peut y avoir des petites surprises, comme aujourd’hui. N’hésitez à vous abonner et à PARTAGER autour de vous !
J’ai rattrapé l’interview de l’actrice Anna Mouglalis sur France Inter. Au micro de Mathilde Serrell, l’actrice, désormais chanteuse et membre du groupe Draga, présente son premier album intitulé Ô Guérillères. Des inspirations électro, un rythme qui vient nous chercher au plus profond de nos entrailles… les chansons reprennent les textes foisonnants et brûlants d’actualité de Monique Wittig (1935-2003). L’autrice a été l’une des premières à penser un féminisme libéré de l’hétérosexualité et toute sa clique de normes. Longtemps méconnus en France, ses travaux sont de plus en plus diffusés.
Anna Mouglalis revient aussi sur les violences sexuelles et sexistes propres au milieu du cinéma. Cela fait plusieurs années que l’artiste est connue pour ses engagements en faveur des droits des femmes. Je ne saurais que trop vous conseiller le film L’Événement réalisé par Audrey Diwan et adapté du livre d’Annie Ernaux, dans lequel Anna Mouglalis joue le rôle d’une femme qui pratique des avortements clandestins.
Anna Mouglalis, l’utopie féministe de Monique Wittig mise en musique (L’interview de 9 h 20, France Inter)
L’interview d’Anna Mouglalis m’a donné envie de réécouter un podcast consacré à Monique Wittig. J’avais déjà écouté cet épisode de Toute une vie mais l’oeuvre de Monique Wittig est tellement dense que ce fut un bonheur. Écoutez ce podcast qui mêlent paroles d’expertes et archives sonores incroyables.
Monique Wittig est l’une des premières à dénoncer le sexisme inhérent aux manifestations de Mai 68. Pour elle, l’intime et le politique sont intrinsèquement liés. Elle réfléchit sur le genre, pense le lesbianisme comme un positionnement politique... Bref, je ne vais pas vous spoiler toute la vie de Monique Wittig, ouvrez grand vos oreilles !
Monique Wittig (1935-2003), écrivain lesbienne et révolutionnaire (Toute une vie, France Culture)
L’année dernière, alors que j’étais encore à l’école de journalisme, Lorraine de Foucher a reçu le prix Albert-Londres. L’attribution de ce qui s’apparente à la Palme d’or du journalisme à la reporter du Monde est un symbole. Les travaux sur les violences sexuelles ont (enfin) leurs lettres de noblesse dans les médias. Lorraine de Foucher a notamment travaillé sur l’affaire dite des viols de Mazan, les viols subis par des migrantes et l’affaire des French Bukkake.
Dans ces cinq épisodes d’une quinzaine de minutes chacun, la journaliste se confie sur ses méthodes de travail. Elle revient sur un aspect passionnant du métier : l’objectivité journalistique, c’est du bullshit ! Les journalistes doivent assumer d’où ils parlent. Et breaking news numéro 2 : il faut arrêter de se méfier des émotions car elles nous permettent de mieux appréhender les personnes dont on parle.
Cette série documentaire passionnante est accessible à tout le monde, journaliste ou pas.
NB : si la fabrique de l’information vous intéresse, jetez-vous sur les 15 saisons de Mécaniques du journalisme ! Chaque saison décortique une enquête journalistique qui a fait basculer la vie politique française. Un podcast salutaire qui éclaire un métier parfois bien opaque (même de l’intérieur).
Lorraine de Foucher, enquêter et écrire sur les violences sexuelles (Mécaniques du journalisme, France Culture)
Jeudi matin, je devais prendre un train pour aller chez ma grand-mère. Mon syndrome de première de la classe me collant toujours aux basques, j’avais acheté une paire de mocassins. L’objectif était clair : montrer à ma grand-mère que j’étais une adulte, une vraie. Autant vous dire qu’avec mes mocassins en daim, j’avais sorti l’artillerie lourde. Sauf qu’au moment de mettre lesdits mocassins, je me suis rendue compte que le chien les avait littéralement mangés. Adieu l’adulte responsable supplément bourgeoise de l’Ile de Ré, bonjour l’ado éternelle chaussée de Converses pleines de champignons qui puent. Le RER qui devait m’emmener à la gare était évidemment en retard si bien que j’ai eu mon TGV juste à temps. Un peu chafouin, j’ai lancé mon flux de podcast un peu au hasard et c’est ainsi que le Book Club s’est glissé dans mes oreilles.
À l’occasion de la parution en français d’un recueil de poèmes d’Audre Lorde, Marie Richeux reçoit la musicienne Mélissa Laveaux, qui signe l’une des quatre préfaces, et l’universitaire Sandrine Montin. Audre Lorde (1934-1992) se définit comme poétesse, noire, lesbienne et guerrière. Elle conçoit la poésie comme une “nécessité vitale” qui permet aux minorités de se réapproprier leurs voix.
Le titre du recueil, prononcé par l’animatrice dès le début de l’émission, m’a immédiatement apaisée. Une merveilleuse arithmétique de la distance… n’est-ce pas magnifique ? S’ensuit une conversation avec deux invitées passionnantes qui ont à coeur d’étudier le texte d’Audre Lorde à l’aune de sa vie et de l’ensemble de son oeuvre.
Le dernier chant d’Audre Lorde (Le Book Club, France Culture)
Et là, mes proches partent en courant. Cela fait des lustres que je recommande le travail de Judith Duportail à toutes les sauces. Je me permets donc d’en rajouter une petite couche (on n’est plus à ça près). Hier, j’ai réécouté le podcast Qui est Miss Paddle ? pour préparer un nouveau projet. Judith Duportail est l’une des premières journalistes à oser dire “je”. Elle inscrit son travail au sein de la non fiction, un genre qui n’a pas vraiment de traduction française. Dire “je”, c’est apporter un degré supplémentaire de vérité à notre travail.
Dans le podcast sorti en 2020, la journaliste découvre que son compagnon de l’époque suit sur Instagram une jeune femme aux plusieurs milliers d’abonnés. Dans six épisodes d’une quinzaine de minutes chacun, Judith Duportail raconte avec une authenticité courageuse l’obsession qu’elle développe pour cette femme. J’aime la finesse de l’autrice qui décrit si justement nos relations affectives au temps des réseaux sociaux et des applications de rencontres. J’aime aussi sa belle plume et sa maîtrise sens du récit qui nous tiennent en haleine tout au long du podcast.
Qui est Miss Paddle ? (Pavillon Sonore)
Merci infiniment de m’avoir lue ! Si vous pouvez prendre deux minutes de votre temps pour me faire un retour et/ou PARTAGER mon travail, ce serait génial. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup (j’offre un verre à la première personne qui trouve cette référence). Vous pouvez m’écrire sur Instagram (@godardcommejeanluc) ou par mail (sophie.volatier.godard@gmail.com).