Goodbye papy

Mon grand-père est mort hier. Et comme il était formidable, même s'il mangeait sa pomme avec des couverts, je lui ai écrit une petite bricole.

La newsletter des poux
2 min ⋅ 16/06/2023

PAROLE DE POU

Michel, mon grand-père (vous devez l’avoir compris), était curieux. La maison de mes grands-parents était remplie de livres et de magazines. Dans la cuisine, dans le salon, dans les chambres … il y avait toujours quelque chose à lire. Adepte de la to-do list avant l’heure, il avait toujours un petit papier sur son bureau sur lequel il inscrivait son planning de la journée. Passionné par l’histoire, il avait compilé les histoires de bon nombre de ses ancêtres, que j’ai dévorées, et aimait raconter ses débuts dans un petit village des confins de la Bourgogne.

Michel aimait rire. Il y avait toujours cette petite lueur espiègle dans son regard, prête à rebondir sur le moindre mot. Petite, il me faisait croire qu’il avait onze doigts et me racontait qu’à mon âge, il montait sur les armoires. Plus tard, quand je portais un tee-shirt avec une tête de mort, il disait malicieusement : “ah, c’est moderne !”. Comprendre : je trouve ça hideux, je ne comprends pas comment on peut avoir envie de mettre ça, mais tu es ma petite fille, je t’aime, donc je vais juste te chambrer gentiment.

Michel aimait profondément les siens. Discret, pudique, il offrait toujours une oreille attentive et bienveillante à chacun de ses petits-enfants qu’il promenait dans sa petite Agila vert pomme. Lorsqu’il nous emmenait en balade, il prenait toujours un bâton “pour faire peur aux serpents”. Après chacun de mes week-ends en Bourgogne, il tenait à m’accompagner jusqu’au quai de la gare, qu’il fasse -10 ou 40 degrés, et attendait que le train parte en me faisant coucou.

Michel était amoureux. D’Evelyne, son épouse depuis 1957. J’aimais me moquer de mes grands-parents, leur dire qu’ils étaient des dinosaures, qu’on n’en faisait plus des histoires d’amour comme la leur. Evelyne, avec qui il avait milité à une époque où on y croyait encore. Evelyne, qui lui disait qu’il était chiant parce qu’il ne voulait jamais manger de sushis. Evelyne, qui parlait à sa place, mais ça tombait bien, Michel était un taiseux, comme il le disait lui-même.

Papy écoutait Dalida sur Youtube.
Papy détestait Macron.
Papy mangeait du saucisson avec son café de 10 heures, après avoir arrosé les fleurs du clos.
Papy ne manquait pas un C dans l’air le soir.
Papy sentait l’eau de Cologne.

Papy va beaucoup me manquer.

Qu’il repose en paix, où qu’il soit.

...

La newsletter des poux

Par Sophie Volatier-Godard

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