ACTUALITE: Yema, la plateforme qui met à l'honneur le cinéma du Maghreb et du Moyen-Orient

Affiche du film Razzia, du réalisateur marocain Nabil Ayouch, évidemment disponible sur YEMA. Ce film interroge les conditions féminines au Maroc.

Est-ce que j'allais commencer ma première newsletter sans parler du Maghreb et du Moyen-Orient? Jamais de la vie. Quoi de mieux que le cinéma pour découvrir des cultures inconnues? J'ai eu la chance de rencontrer Léa Taïeb et Juliette Gamonal qui ont créé Yema, une plateforme exclusivement dédiée au cinéma d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, disponible depuis le 9 juin dernier. Les films et les documentaires de Yema nous font découvrir des régions du monde dont on parle tant, mais qu’on connaît finalement si peu...

Léa et Juliette sont des cinéphiles aussi passionnantes que passionnées qui m'ont parlé avec enthousiasme des origines d'un projet "porté par leur quatre bras". Elles ont à coeur d'accompagner les téléspectateurs et téléspectatrices avides de découvrir le passionnant cinéma d'Orient à travers des thématiques aussi universelles que l'amour, les sexualités ou les conditions féminines.

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CRITIQUE: "Close" de Lukas Dhont est une leçon magistrale

Quand je suis entrée dans la salle pour voir Close, du réalisateur belge Lukas Dhont, je n'étais pas vraiment dans mon assiette. J'étais fatiguée, j'étais en pleine remise en question sentimentale et j'avais les pieds mouillés parce qu'il pleuvait et que bien évidemment j'avais mis des chaussures en toile.

Et puis il y a eu Close, ce film d'une humanité déconcertante. Les performances bouleversantes d'Eden Dambrine et de Gustav de Waele, qui interprètent les deux personnages principaux. Et Lukas Dhont, qui nous invite gentiment mais fermement à réfléchir à toutes les composantes ou presque de nos vies: l'amour, l'amitié, la jeunesse, la parentalité, les masculinités et surtout l'expérience du deuil.

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PAROLE DE POU: lettre à un bouc

Cher bouc,

Je t'écris depuis mon canapé, confortablement installée devant un thé et un épisode de la dernière saison de The Crown. Toi, tu t'apprêtes à dater l'une des personnes qui compte le plus pour moi. Rassurez-vous chers lecteurs et chères lectrices, ladite jeune femme ne s'apprête pas réellement à dater un bouc. Point de zoophilie dans mon entourage.

J'ai surnommé le jeune homme que la personne chère à mon coeur va dater "le bouc" en raison de sa petite barbichette. Revenons donc à nos moutons cher bouc (MDR). Cela fait plus d'une semaine qu'elle répète qu'elle n'est pas "assez bien pour toi". Il y a à peine une heure, elle m'écrivait encore qu'elle était "chiante et pas drôle" et que le date allait forcément mal se passer.

Alors je me suis posé une question, cher bouc: est-ce que tu es dans le même état qu'elle? J'ai envie d'être d'humeur acerbe et de supposer que tu es loin, mais alors très loin, de douter de toi comme elle doute d'elle. Ce n'est pas de ta faute, cher bouc. Le patriarcat oblige les femmes à parler doucement, à se remettre en question et surtout à s'effacer devant les hommes. Toi, cher bouc, tu as dû très vite comprendre, ne serait-ce qu'inconsciemment, que tu devais vociférer, transpirer (et puer), bref, dégager de la testostérone à tout prix. Je ne soutiens pas que cela a toujours été facile pour toi. Le patriarcat ne fatigue pas que les femmes, cher bouc.

La personne chère à mon coeur m'a confié que vous vous étiez "chauffés", elle et toi. J'espère pour toi, et surtout pour elle en fait, que tu suis des comptes Instagram qui prônent une sexualité bienveillante. Orgasme et moi, Je m'en bats le clito ou encore Jouissance club, pour ne citer que mes préférés. Tu dois avoir un peu plus de vingt ans cher bouc. Cela signifie que tu n'as peut-être jamais entendu parler du clitoris. J'ai eu peur pour elle, je t'avoue. Il a en effet fallu attendre 2017 pour que cet organe soit représenté pour la première fois dans un manuel de SVT de 4ème.

Et si jamais ça va plus loin entre vous, cher bouc, si jamais la personne chère à mon coeur et toi-même décidez d'entamer une relation ensemble... Je ne saurais trop te conseiller d'écouter le podcast Le Coeur sur la table, animé par Victoire Tuaillon et disponible gratuitement (c'est la fête) sur toutes les plateformes de streaming. La journaliste questionne nos relations, qu'elles qu'elles soient, à partir de nombreux témoignages. Elle s'appuie largement sur les travaux de sociologues, de philosophes, de médecins et de romanciers. Et ce n'est pas tout! Elle nous donne en outre des clefs pour entretenir des liens plus sains avec les gens que nous aimons.

Sur ces belles paroles, cher bouc, je te souhaite une belle soirée,

Sophie

LES RECOMMANDATIONS D'UN POU:

Ne partez pas! Voici, en bref, une série, un podcast et un livre qui ont égayé ma semaine:

• LA SAISON 5 DE THE CROWN (sur Netflix): au risque de décevoir celles et ceux qui attendaient de l'original, cette semaine, j'ai vu (pardon, j'ai dévoré) les dix épisodes de la dernière saison de la série The Crown. Cette cinquième saison revient sur les années 1990, que l'on a appelé a posterori la "décennie noire" de la monarchie britannique. Comme dans les saisons précédentes, l'intrigue est captivante et les personnages sont très bien caractérisés.

• L'EPISODE 1 DE LA SERIE DOCUMENTAIRE "LES EX DE FRANÇOIS" (sur toutes les plateformes de streaming et sur le site de Binge Audio): dans le premier épisode d'un podcast qui s'annonce aussi intime qu'universel, la journaliste Judith Duportail dresse le portrait dudit François, un de ses amis, à travers le regard de ses anciennes amantes. Un épisode sort chaque semaine. Dans le premier épisode intitulé "La queen des pigeons", Judith Duportail détaille les raisons qui l'ont poussée à réaliser ce podcast. Et c'est passionnant!

• LE ROMAN LES ENFANTS ENDORMIS, D'ANTHONY PASSERON (éditions du Globe): dans son premier roman, Anthony Passeron revient sur les "années sida" à travers un récit familial bouleversant. A partir des quelques sources à sa disposition, l'auteur raconte l'histoire de son oncle Désiré, héroïnomane, qui a contracté le VIH après un échange de seringue, dans l'arrière-pays niçois. A rebours des récits très souvent urbains des "années sida", Anthony Passeron rend visible un sida des marges, des périphéries. Il ajoute à son récit intime l'histoire scientifique, collective, quelque peu chaotique, de la recherche sur le VIH. La petite histoire dans la grande... Un livre nécessairement poignant.